Il était une fois… dans la cité du sucre

Petit Conte de Noël écrit à l’occasion du marché aux sucreries d’Erstein les 6 et 7 décembre 2014. L’histoire de deux lutins arrivant à Erstein, capitale du sucre, un beau soir d’hiver…

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Il était une fois… dans la cité du sucre

 

De la neige commençait à tomber, en même temps que la nuit. Deux étranges personnages se baladaient à travers la contrée. Pas plus haut que trois pommes et tout de vert vêtus, ils ne se doutaient pas qu’ils venaient d’entrer dans un pays magique. C’était deux lutins. Soudain, l’un d’eux s’extasia :
– Tu vois cette lumière, là-bas ?
Son camarade releva la tête.
– Ouais, et alors ?
– Eh bien, tu n’es pas curieux ?
Les deux petits êtres se dirigèrent vers le grand bâtiment du centre de la ville. Une ondée de lumière provenant de l’intérieur traversait la porte d’entrée et perçait la grisaille de l’hiver. L’air froid sculpta alors les strates de lumière.
Une flèche faite de particules lumineuses se dessina dans l’atmosphère, juste devant les deux lutins. La lumière révélait une partie de leur visage. Un nez et des oreilles pointues, des yeux malicieux, de fines lèvres et un air à la fois accueillant et détestable selon leur humeur.
Ils entrèrent.
A l’intérieur, le spectacle fût merveilleux. Ils furent tous deux pétrifiés devant tant de beauté. Leurs yeux s’écarquillèrent et leur souffle se coupa instantanément. Un paradis leur faisait face.
Les murs blancs et rouges étaient ornés de guirlandes et de boules de Noël. Les multiples lumières colorées inspiraient leur confiance. Au sol, de multiples étalages de chocolats, de pâtisseries et de bonbons en tout genre les narguaient. Un fumet de chocolat et de vin chaud alla s’’aventurer aux abords de leurs narines. Toute la pièce, immense, n’était qu’un mélange de senteurs raffinées et de douceurs exquises.
L’un des lutins se sentit soudain pousser des ailes et courut vers le premier étalage de bonbons. L’autre le retint, arguant le fait que ce n’était pas à eux, et qu’il fallait d’abord demander la permission. Ne voyant personne, le lutin se détacha de son emprise et courut vers les sucreries multicolores.
Il s’arrêta devant l’étalage, le contempla un instant, puis se saisit d’un magnifique bonbon arlequin. Il l’enfourna immédiatement dans sa bouche et commença à mâcher. Mais le bonbon, à sa grande surprise, n’avait pas le moindre goût ! D’ailleurs, il n’avait plus de bonbon dans la bouche !
Il avala sa salive et regarda autour de lui. Tous les étalages venaient de disparaitre. La salle se retrouva instantanément vide, tandis que les décorations du mur disparurent.
L’autre lutin fit la morale à son ami :
– Je te l’avais dit que ce n’était pas à nous, tu es content ?
– Ce n’était qu’un tout petit arlequin…
Soudain, une poussière blanche traversa la salle et s’arrêta devant eux, avant de se solidifier. Un étrange personnage prit alors forme. Il était fait de… millions de grains de sucre !
Le personnage, qui ressemblait au père Noël sans son manteau rouge, leur adressa ces quelques mots :
– Bienvenue, mes amis ! Bienvenue à Erstein !
Les deux lutins se regardèrent, jusqu’à ce que le plus raisonnable des deux ose poser la question qui lui brûlait les lèvres :
– Mais qui êtes-vous, Monsieur ?
– Allons, allons ! Vous êtes au pays du sucre, ici ! Je suis l’homme sucré !
Le deuxième lutin se hâta d’intervenir :
– Où sont passées toutes les friandises, Monsieur Sucré ?
– A Erstein, petit imprudent, il y a du sucre pour tous ceux qui le méritent. Crois-tu le mériter vraiment ?
Le lutin baissa alors la tête, pendant que son compagnon et l’homme sucré le dévisageaient. Il reprit finalement la parole :
– Pardon, je n’ai pas pu résister avant…
L’homme sucré s’esclaffa !
– Mais ce n’est pas grave, mon ami ! Je plaisantais !
Il positionna sa main en l’air et souffla dessus. Quelques grains de sucres s’en détachèrent. Les étalages de douceurs et les décorations réapparurent alors comme par magie.
– A Erstein, il y a du sucre pour tout le monde, voyons ! Je voulais juste t’effrayer un petit peu ! Allez, bonne route compagnons !
Et l’homme sucré s’éclipsa instantanément dans un nuage de poussière blanche. Les deux lutins se servirent alors abondamment avant de reprendre leur route.
La neige tombait toujours, encore plus qu’avant. Elle se déposa sur les toits des habitations. En y regardant de plus près, ces habitations étaient particulières. Elles étaient faites de petits rectangles blancs, empilés les uns sur les autres.
Quant à la neige, si douce et pure soit-elle, elle n’était pas si froide. Juste un peu glacée. Et si l’on réfléchit, on comprend pourquoi les enfants aiment tirer la langue vers le ciel pour attraper les flocons de neige. L’homme sucré n’avait pas tort, finalement :
« A Erstein, il y a du sucre pour tout le monde, voyons ! ».
 
FIN

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