Agression(s) ordinaire(s)

Deux agressions survenues un même jour et pour des raisons différentes, dans deux villes tout aussi différentes, au nombre de 270 000 habitants pour l’une et au nombre de 10 000 habitants pour l’autre. Mélange d’incompréhension et d’impuissance. Ça s’est bien terminé à chaque fois, je vais bien. Mais qu’en sera-t-il la troisième fois ? Faut-il avoir peur de sortir dans la rue ? C’est la question que j’ai envie de poser aujourd’hui.

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On aime toujours à se dire, dans ce genre de situations, qu’on n’est pas fautif. On essaye de ne pas recourir à la violence, on se demande s’il va falloir y recourir si l’individu nous agresse. Finalement, on n’est certain de rien. Ça nous tombe dessus sans qu’on s’y attende. J’ai à chaque fois répondu, je n’ai pas fui, j’ai affronté l’agression comme elle se présentait. Je n’ai pas voulu me laisser faire.

Suis-je fou ? Peut-être.

Avais-je peur ? Tout le monde a peur, celui qui prétend le contraire est l’exemple type de la peur car il a peur de l’avouer.

On a peur que ça se termine mal pour nous, on a peur d’avoir un problème avec la justice si un mot ou un geste est déplacé, on a peur que le problème se retourne contre nous-même si nous n’en sommes pas à l’origine. Et c’est possible ! Cela s’est déjà vu et cela se verra encore.

Alors, qu’aurais-je du faire ?
« Quand on est malin, on ne réponds pas à la provocation, on laisse couler et on continue son chemin ». Une phrase que les ainés tentent souvent de transmettre et répètent à foison.

Alors, quand une personne m’insulte dans la rue, ne devrais-pas répondre ? Qu’est-ce qui l’empêchera de recommencer si je la recroise ? La réponse est aussi simple que la question:  rien.

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Et pourtant, il me faut me taire. Pour espérer, je dis bien espérer, peut-être m’en sortir. Pour ne pas provoquer de conflits inutilement, pour ne pas me faire de mal. Tout cela, on peut l’élargir au monde d’aujourd’hui.

Il nous faut nous taire par rapport à ce qu’il se passe dans le monde. Il nous faut voir et subir les atrocités des terroristes. Il nous faut supporter et subir la dictature des médias, qui se délectent du pouvoir de nous faire avaler tout et n’importe quoi. Il nous faut subir l’incompétence et le mépris des hommes politiques. Il nous faut subir la lâcheté et le cynisme des patrons. Il nous faut subir la méchanceté et les regards des gens lorsque l’on fait quelque chose de différent ou lorsque l’on est tout simplement différent soi-même.

Pas de chance, personne ne se ressemble, tout le monde est unique, donc autant que tout le monde critique tout le monde!

Il nous faut aussi subir un monde souvent violent et dangereux, catastrophique dans bien des aspects. Ce que je veux dire, c’est que de la petite altercation dans la rue au massacre de millions de juifs par Hitler, il n’y a qu’un pas. Du petit regard déplacé au viol et au meurtre d’une jeune femme, il n’y a qu’un pas. La machine s’est emballée depuis bien trop longtemps.

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Et lorsque nous ne sommes pas d’accord, lorsque nous ne nous taisons pas, lorsque nous répondons, lorsque nous ne suivons pas le troupeau du monde, lorsque nous refusons d’obéir à quelqu’un d’autre qu’à nous-même, nous augmentons nos chances d’en subir les conséquences.

Le battement d’aile d’un papillon peut provoquer un tremblement de terre à l’autre bout du monde. Aucun battement d’aile n’est donc à prendre à la légère.
Le monde est difficile, c’est une réalité. Mais s’il est aussi très beau, c’est bien parce qu’il existe des personnes qui ne se taisent pas.

Je ne laisse pas en suspens la question que j’ai posé au commencement de cet article.

Il ne faut surtout pas avoir peur de sortir dans la rue.

A condition de ne jamais arrêter de parler.

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