Calendrier Maya : La fin du monde menace le marché de Noël

Article écrit en novembre 2013 pour Rue89Strasbourg

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Strasbourg est en train d’enfiler ses habits de fête, alors que le reste du monde se prépare à l’imminence du cataclysme. Vague géante ? Inversion des pôles ? Tremblement de terre ? Méchant astéroïde ? La fin du monde est fixée au 21 décembre 2012… ou pas.

Le calendrier Maya  s’arrêterait le 21 décembre 2012. Ce serait donc la fin. Oui, mais la fin de quoi ? Du monde ? D’un cycle ? Des prédictions ? Du commerce ? La question est d’importance alors que, comme chaque année, la ville de Strasbourg s’apprête à accueillir 2 millions de touristes à l’occasion du marché de Noël, peut-être piégés loin de chez eux quand surviendra la fin du monde !

Quelle théorie fumeuse choisir ?

Les théories, plus abracadabrantes les unes que les autres, abondent sur la toile et les sites millénaristes sont innombrables, la grande mode étant au compteur laissant découler jours, heures, minutes et secondes jusqu’au jour fatidique.

Mais ne tremblez pas, amis strasbourgeois ! Le vin chaud sera toujours servi au marché de Noël ce jour-là et le grand sapin de la Place Kléber restera sur pied. Non, parce que, des fins du monde, il y en a déjà eu 183 qui ont été annoncées depuis la chute de l’empire romain, d’après les travaux de l’historien Luc Mary. Elles sont même assez régulières et il y en a vraiment pour tous les goûts et toutes les couleurs.

La littérature et les Maya, toute une histoire

En ce qui concerne la fin du calendrier Maya, de nombreux livres sur le sujet existent, histoire de se préparer à la catastrophe et à investir à temps dans un bunker anti-cataclysmes. Mais, s’il y a bien une chose à noter à Strasbourg, c’est que le premier jour de l’hiver ne fait pas peur à grand monde, sauf peut-être aux frileux. Thierry Jobard, responsable du rayon sciences humaines à la librairie Kleber n’est pas très surpris par ce manque d’intérêt :

« Il faut savoir qu’il y a deux sortes de livres sur la fin du monde. Ceux sur la prophétie Maya et ceux un peu plus écologiques, qui jouent sur le fait que la planète va mal et qui avertissent que cela mènera à la fin du monde… un jour.

En ce qui concerne le 21 décembre 2012, ça fait deux ans que sortent des livres sur le sujet et je n’ai constaté aucun effet de masse, les gens ne se sont pas rués plus que ça sur les livres qui en parlent. Ceux qui achètent ces livres sont la clientèle habituelle qui s’intéresse aux ovnis ou autres histoires de ce genre. Mais cette fin du monde n’est qu’un effet de mode qui a pour but de faire marcher le commerce et je suis content de voir qu’à Strasbourg, on est plus rationnel. »

Le rayon librairie de la Fnac de Strasbourg nuance un peu l’avis de Thierry Jobard en indiquant que les gens « font en fonction des choses entendues autour d’eux et achètent le moment venu » et que « d’ici le début du mois de décembre, un présentoir de livres sur la fin du monde pour aller avec l’actualité sera sûrement mis en place ». Rien n’arrête le commerce. Pas même l’apocalypse. Une petite fin du monde tous les ans ne serait pas de trop, tiens.

La fin du monde sur les ondes

D’après Cédric Elling, éco-conseiller et chroniqueur dans l’émission « Kiki et les drôles d’oiseaux » sur radio Arc-en-Ciel, une radio strasbourgeoise, nous avons encore de beaux jours devant nous :

« Le calendrier des Maya se compose en différents cycles. Le 21 décembre 2012, c’est la fin d’un cycle de 5125 ans qui a commencé en 3174 avant Jésus-Christ. C’est-à-dire qu’à partir du 21 décembre, nous démarrons simplement le cinquième cycle, car il y en a eu quatre auparavant.

Et le plus intéressant, c’est que l’histoire Maya nous apprend qu’avec ce cinquième cycle, nous entrons dans l’ère de la lumière. Autrement dit, cette ère entraînerait un renouveau de l’homme qui va aller vers le bon et vivre sa vie complètement différemment. Car jusque-là, l’homme et le monde étaient dans une période sombre, faisaient des choses vraiment pas terribles et ne tournaient pas comme il faut. Et l’idée de fin du monde est née du fait que les Maya étaient persuadés que pour un changement conséquent, il faut d’abord le chaos et la destruction ! »

Cédric Elling ajoute dans son émission de radio que le 21 décembre correspondrait à un alignement de toutes les planètes du système solaire, ce qui transcenderait l’espèce humaine. Hypothèse cependant balayée par Pierre Sylvestre, astronome et président de l’association d’astronomie Nemesis en Alsace :

« Le 21 décembre, le ciel sera tout ce qu’il y a de plus banal ! Il n’y aura rien, tout ça ce n’est que du cinéma ! La seule chose qui pourrait amener à une fin du monde, c’est un astéroïde comme il y a 65 millions d’années qui avait éradiqué presque toute la vie sur terre. Et de nos jours, il y a une multitude d’appareils permettant de détecter les astéroïdes qui s’approchent.

Alors évidemment, il est bien possible qu’on ne détecte un astéroïde que trois jours avant si celui-ci est composé de matériaux sombres, donc difficiles à détecter. Mais il faudrait un astéroïde absolument gigantesque pour détruire toute vie sur terre, et celui-là, matériau sombre ou pas, il sera repéré largement en avance s’il devait arriver ».

Le 21 décembre, c’est aussi l’occasion de faire la fête et d’organiser des évènements. La salle du Molodoï à Strasbourg profite de l’occasion pour organiser une soirée « Paye ta fin du monde » et quelques évènements Facebook suggèrent de faire la fête ce jour-là et après. De quoi finir en beauté… ou de se réveiller le lendemain avec la gueule de bois et les oreilles en compote.

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