Facebook, un plateau de théâtre

Article rédigé en juin 2013 pour Coze Magazine

 

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Facebook, c’est le réseau social par excellence, celui qui compte plus d’un milliard d’abonnés dans le monde. Aujourd’hui, il existe peu de personnes qui ne sont pas inscrites dessus, qui ignorent ce qu’est un « like » ou l’utilité d’un commentaire. Pour certaines personnes, c’est un journal intime, pour d’autres un moyen de passer le temps, pour d’autres encore un outil professionnel, un loisir ou un lieu de partage. C’est même pour certains un moyen efficace pour retrouver ses amis.

Pascale Spengler, une vie de théâtre

Pour Pascale Spengler, directrice de la compagnie de théâtre Les Foirades à Strasbourg, Facebook est avant tout un plateau de théâtre. Amis amateurs de Facebook, vous ne le saviez peut-être pas, mais vous faites du théâtre tous les jours.

Bercée par le monde du théâtre depuis une trentaine d’années, Pascale Spengler l’a également vu évoluer, en même temps que la société.

Forte d’une formation non universitaire (elle s’est formée directement par la pratique sur un plateau de théâtre, sans passer par la théorie), elle est entrée dans le monde du théâtre par l’émotion, à 19 ans, en croisant par hasard une compagnie de théâtre d’Holstebro qui jouait « Mère courage et ses enfants» de Bertolt Brecht.

Dans cette pièce, il y avait le personnage de Catherine La Muette, qui l’a beaucoup touchée :

« Catherine La Muette, pour pouvoir communiquer avec les gens, s’exprimait par des petits cris et utilisait un tambour. J’étais jeune et ce personnage m’a beaucoup touchée. Il m’a donné envie de consacrer ma vie au théâtre et de me laisser guider dans cette voie par l’émotion.

Car le théâtre, c’est avant tout la faculté de produire du sens par l’émotion. Aujourd’hui, et même bien avant la création de ma compagnie Les Foirades en 1988, j’ai toujours travaillé sur l’émotion et l’échec. L’émotion d’accord, mais pourquoi l’échec me dira-t-on ? Qui a envie d’échouer ?

Je répondrais que dans la vie on ne peut qu’échouer, mais que tout échec apporte des enseignements et c’est pour ça qu’il est intéressant de travailler sur cette notion-là. »

Quel rapport avec Facebook?

Pascale Spengler, avant même de découvrir il y a un an le célèbre réseau social, a pris en compte toutes les évolutions de la société pour faire du théâtre. Le cinéma par exemple, a souvent été vu comme un grand concurrent pour le théâtre. Mais pas du tout au final, car ces deux formes d’art se sont enrichies mutuellement.

Beaucoup de films empruntent des choses au théâtre, il suffit par exemple de penser au nombre incalculables de films où l’action se déroule en huit-clos, comme sur une scène de théâtre, aux pièces de théâtre adaptées sur grand écran (Hamlet, de Kenneth Branagh, Roméo + Juliette, de Baz Lurhmann), ou encore aux films prenant des partis-pris très théâtraux, comme le Dogville, de Lars Van Trier, pour lequel c’est l’imagination du spectateur qui doit tout faire.

Inversement, le théâtre se sert aujourd’hui souvent du cinéma. Il suffit de voir les nombreuses pièces de théâtre usant de la vidéo aujourd’hui pour compléter leur travail scénique.

Tout est donc relié. Tout ce qui se passe dans la société et dans la vie en général peut se révéler être du théâtre et il en va donc de même vis-à-vis de Facebook, qui a été forgé par la société et Mark Zuckerberg, son créateur.

Comment faire du théâtre avec Facebook

N’étant pas née avec l’informatique, Pascale Spengler a du apprendre à la pratiquer, bon gré, mal gré, pour être en accord avec l’évolution de la société. C’était un monde nouveau pour elle.

C’est alors qu’un de ses amis l’a initiée à Facebook, qui a donc surgit tout naturellement dans sa vie :

« Facebook semblait l’outil idéal pour être en connexion avec d’autres ! Dés que l’on publie quelque chose, on est visible par des interlocuteurs, comme si Facebook était une scène ou les acteurs sont invisibles. Mais ils sont pourtant bien là, derrière leurs écrans !

Ainsi, je peux prendre la parole sur le « plateau », je publie ou commente une information, je peux repérer ceux qui les lisent et rentrent dans mes propos et je peux commenter les publications des autres aussi. C’est là que se construit une réflexion partagée avec d’autres, souvent sur l’actualité.

Nous avons, grâce à Facebook, une possibilité d’agir et de poser notre propre pensée sur l’actualité. Au moyen de photos, d’articles, de caricatures, d’œuvres d’arts. Nous sommes ainsi nos propres journalistes et sociologues, nous faisons le média !

Et c’est à ça que doit servir Facebook, à nous aider à vivre dans le monde ou nous vivons. C’est une complémentarité, une possibilité d’avoir une prise sur le réel et sur la société comme le fait le théâtre. Et à partir du moment où il y a une société, telle que l’est Facebook, il y a du théâtre. »

Un long travail

Pour le moment, Pascale Spengler est loin d’avoir terminé son travail sur Facebook. C’est un travail de longue haleine, et qui sait quand il se terminera. Mais pour elle, c’est d’utilité publique, Facebook est un journal de travail et comme tout journal de travail, il faudra du temps pour qu’il arrive à son terme. Ses envies ?

Que le monde aille mieux, que son travail, ses différents glanages, les informations qu’elle découvre, commente, partage et approfondit puissent servir à mieux vivre. C’est ce qu’elle fait depuis plus de 30 ans, elle utilise le théâtre pour mieux vivre. Facebook le plateau de théâtre est donc utilisé de la même manière :

« Tant que c’est dans mes moyens, et tant qu’une nouvelle technologie ne l’a pas supplanté, j’utiliserais Facebook. Néanmoins, je concède que ce n’est pas un outil à mettre entre toutes les mains.

Pour conduire une voiture, il faut passer son permis et apprendre à la conduire. Pour Facebook, une bonne initiation est nécessaire pour apprendre à manipuler cet outil, car comme partout, on peut très vite tomber sur mal intentionné.

Il est certain qu’il y aura toujours des personnes qui n’utiliseront pas Facebook. C’est un complément à notre monde, mais pas un complément obligatoire. Tout le monde achète aussi du pain, mais n’est pas forcément boulanger pour autant. »

Maintenant, si l’envie de faire du théâtre via Facebook vous prend, vous savez quoi faire. Et pour voir le travail de Pascale Spengler ou interagir avec elle, ce n’est pas non plus moins compliqué.

Il suffit de posséder un compte Facebook.

 

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